
Face à la triple crise — économique, climatique et structurelle — que traverse le vignoble français, les sénateurs et viticulteurs, Daniel Laurent, Henri Cabanel et Sébastien Pla appellent à un sursaut collectif. Leur mot d’ordre : unir une filière éclatée pour en faire à nouveau un moteur de l’agriculture française. C’est à peu près ce que recommandait le précédent rapport sénatorial de Gérard César (viticulteur en Gironde) sur la viticulture, publié il y a 23 ans !
La mission d’information sénatoriale, après 150 auditions et des déplacements dans les principaux bassins viticoles français et étrangers, constate une situation paradoxale : la France demeure le troisième contributeur à la balance commerciale nationale grâce au vin et aux spiritueux (14,7 milliards d’euros d’excédent en 2023), mais son vignoble s’étiole et ses producteurs vacillent.
En 60 ans, la consommation par habitant est passée de 135 litres à 41 litres par an. La proportion de non-consommateurs atteint 37 %, et les jeunes se détournent massivement du vin. Le recul du rouge au profit du blanc symbolise une mutation culturelle autant qu’économique. À cela s’ajoutent les aléas climatiques, de plus en plus fréquents, et la chute des exportations vers la Chine et les États-Unis, minées par les tensions commerciales et les droits de douane.
Résultat : une polycrise sans précédent. Le rapport parle d’un « mal-être viticole palpable » dans les campagnes, aggravé par la déflation des prix, les chais pleins, et le manque de perspectives pour la relève. Les sénateurs tirent la sonnette d’alarme : si rien n’est fait, la surface viticole française pourrait passer sous 700 000 hectares dès 2027. « Le secteur ne peut plus ronronner comme il le fait depuis des années », soulignent les sénateurs.
Pour sortir de cette impasse, le rapport prône une refondation collective. La principale mesure proposée est la tenue d’assises nationales de la viticulture, réunissant producteurs, négociants, coopératives, interprofessions et pouvoirs publics au 1er semestre 2026. Objectif : bâtir un « pacte de confiance » entre l’amont et l’aval, conditionnant toute nouvelle aide publique à un engagement mutuel.
Les sénateurs proposent notamment d’ouvrir les organismes de défense et de gestion (ODG) aux acteurs du négoce, aujourd’hui exclus, et d’imposer des outils de contractualisation solides pour sécuriser le revenu des producteurs. Ils en appellent aussi aux banques, aux GMS, à l’hôtellerie-restauration ou encore à l’Etat, pour soutenir ce secteur.
Le rapport liste 23 recommandations, allant de la simplification administrative à la diversification des revenus :
La mission plaide aussi pour un choc de communication : mutualiser les budgets interprofessionnels afin de promouvoir la « bannière France » à l’étranger, plutôt que de multiplier les campagnes locales dispersées.
Pour les rapporteurs, la solution ne réside pas dans l’arrachage massif de vignes, mais dans une régulation intelligente du potentiel de production et une reconnexion à la demande. Les sénateurs invitent la filière à « parler d’une seule voix », à stabiliser son cadre fiscal, et à exploiter de nouveaux débouchés — notamment dans les biocarburants d’origine vinique ou les circuits œnotouristiques.
Enfin, le rapport insiste sur l’urgence sociale : mal-être, isolement et précarité fragilisent les exploitants. Il appelle à pérenniser les dispositifs de prévention du suicide agricole, à renforcer les aides à la transmission, et à moderniser la MSA.
« La destruction du potentiel productif n’est pas une politique de long terme », avertissent les sénateurs. Ils en appellent à une responsabilité partagée, à la hauteur d’un patrimoine que le monde entier nous envie. Si l’État doit tenir ses engagements, la filière doit, elle aussi, se réinventer.

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