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Le point sur les femmes en agriculture

16/02/2024

Actus Agricoles

En plus des inconvénients liés au métier, les femmes en agriculture cumulent d'autres tourments. Particulièrement volontaires et mues par la passion, elles sont aussi en manque de reconnaissance, non seulement de l'ensemble de la société mais également de leurs pairs et acteurs de leur secteur. La MSA publie le 16 février 2024, sa première étude sur la place des femmes en agriculture.

Les femmes actives du monde agricole affichent une expérience solide dans leur secteur : 62 % y travaillent depuis au moins 10 ans, dont même 38 % depuis plus de 20 ans, 36 % ont entre 35 et 49 ans et 46 % ont entre 50 et 65 ans.

Les agricultrices ne sont pas toutes « femmes de » ou « filles de ». Seule une sur deux (52 %) a son conjoint qui travaille dans le domaine agricole. Cette proportion varie néanmoins selon le statut : si près de 3/4 (71%) des employeuses de main d’œuvre sont femmes d’agriculteur, ce n’est le cas que d’une cheffe d’exploitation sur deux (55 %) et d’une salariée sur trois (32 %).

Elles sont également d’origines diverses : 46 % sont issues d’une famille agricole, 30 % d’une famille rurale non-agricole et 24 % d’une famille citadine. A nouveau, cela varie selon le statut : les dirigeantes sont pour moitié issues d’une famille agricole (55 % pour les cheffes d’exploitation et 52 % pour les employeuses de main d’œuvre), alors que cela n’est le cas que d’une salariée sur trois (34 %).

Autre fait marquant : 37 % ont intégré le monde agricole dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Quand on voit que cette proportion monte à 44 % parmi les cheffes d’exploitation, cela semble traduire la volonté entrepreneuriale des femmes du monde agricole sans oublier une forme de dynamisme du secteur. Elles sont 41 % en production végétale et 37 % en production animale et très peu dans la transformation de produits agro-alimentaires (8 %). Six dirigeantes agricoles sur dix travaillent aujourd’hui en agriculture conventionnelle, un quart en agriculture biologique ou en conversion bio.

 

Double peine pour les femmes

L’agriculture est très clairement pour elles un choix de cœur. Quasiment toutes la décrivent comme un métier « passion » (93 %) qui leur semble de toute évidence essentiel (96 %) et dans lequel elles s’épanouissent (84 %, 92 % même pour les plus jeunes de moins de 35 ans). Toutefois, elles sont assez unanimes à trouver le métier ingrat. La très grande majorité juge le métier d’agricultrice à la fois particulièrement difficile (95 %), très peu reconnu (87 % estiment qu’il n’est pas reconnu) et très peu rémunérateur (82 % déclarent qu’il n’est pas rémunérateur). Il n’est guère étonnant dans ces conditions que malgré leur amour du métier, elles lui attribuent un potentiel d’attractivité limité : 61% estiment que l’agriculture n’est pas un métier attractif. Ces constats sont partagés par toutes les agricultrices, qu’elles soient dirigeantes ou simples salariées.

En agriculture, les inégalités femmes-hommes restent très prégnantes. Si les trois-quarts des agricultrices (77 %) estiment entretenir de bonnes relations avec les hommes du milieu agricole, elles sont néanmoins 83 % - tous statuts confondus - à y constater des inégalités entre les femmes et les hommes. Un tiers (31%) considère même qu’elles y sont plus fortes que dans les autres secteurs d’activité. D’ailleurs, leur sentiment de légitimité est fragile : si une courte majorité (61 %) se sent aussi légitime que les hommes, près d’une sur deux se sent moins soutenue (41 %), moins reconnue pour la qualité de son travail (42 %), moins acceptée (48 %) et moins respectée (48%) que les hommes. Dans ces conditions, deux-tiers (66 %) des agricultrices considèrent qu’il est encore plus difficile pour une femme qu’un homme de travailler dans le monde agricole.

Deux-tiers (66 %) des agricultrices juge leur rémunération insuffisante, et cette proportion monte même à près des trois quarts (73 %) parmi les cheffes d’exploitation. De fait, pour les agricultrices, le premier levier pour améliorer leurs conditions de travail serait une meilleure rémunération. Un besoin largement partagé par l’ensemble du monde agricole comme l’a montré la récente mobilisation des agriculteurs. Parallèlement, concilier vie privée et vie professionnelle reste compliqué pour les agricultrices : 41 % ne sont pas satisfaites de leur équilibre vie pro-vie perso, cette proportion montant jusqu’à 52 % parmi les cheffes d’exploitation.

La réglementation, les normes, les étouffent. 80 % portent un regard pessimiste sur l’avenir du secteur. Dans ces conditions, même si la très grande majorité (81 %) des femmes du monde agricole a l’intention de travailler dans le secteur jusqu’à leur retraite, leur volonté de transmission est émoussée : seule une sur deux encouragerait ses enfants - garçon comme fille - à y travailler.

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